Le démon des résultats vous guette-t-il?
Nicholas Mevoli était un surdoué dans la discipline d’apnée profonde, il était plus fort que beaucoup, un top performer, et …. hanté par le démon des résultats qui a provoqué son décès en compétition à 31 ans. Il est le premier athlète à mourir lors d'une compétition internationale d’apnée.
Retour sur les faits
Le 15 novembre 2013, Mevoli a tenté d'atteindre une profondeur de 96 mètres dans la catégorie FIM, mais a dû faire demi-tour à 80 mètres après avoir souffert d'un lung squeeze (compression pulmonaire).
Deux jours plus tard, Mevoli tente une plongée à 72 mètres dans une autre catégorie (CNF). Il commence à faire demi-tour à 68 mètres, mais semble changer d'avis et plonge à nouveau vers le bas. Mevoli est remonté à la surface après 3 minutes et 38 secondes sous l'eau après avoir perdu connaissance. Des plongeurs de sécurité et le médecin de l'événement ont tenté de ranimer Mevoli, dont le pouls avait disparu. Après 90 minutes d'efforts de réanimation, il est décédé d'un œdème pulmonaire
Ce démon des résultats qui a provoqué la tragédie de son décès, il en était bien conscient et il écrivit sur son blog à l’issu d’un championnat du monde quelques mois auparavant : « Allow the performance to be an expression of your being, and not define what your being is », ce que je traduirais par « fais en sorte que tes succès soient l’expression de ce que tu es mais ne définissent pas qui tu es ». Mais il n’a pas réussi à dompter ce démon.
S’identifier à son résultat et ne rien être sans ce résultat est absolument dangereux/nuisible pour les sportifs/athlètes de haut niveau, et pour nous aussi.
Réfléchissez à votre soif de résultats, votre addiction au travail, votre envie d’ascension sociale.
Si notre statut, notre titre, notre voiture, l’état de nos finances, le regard des autres est notre seul moteur, nous avons un problème. Cela veut dire que nous manquons d’estime de soi : on ne se donne de la valeur qu’au travers de nos résultats et on n’arrive pas à se donner une valeur intrinsèque.
La conclusion de l’oncle de Nich Mevoli dans le livre est sans appel : « if you want something so bad that you comme to believe you need it, when your passion that fueled you and challenged you to pursue a dream turns against you, then you are in a trouble »
“Si vous voulez tellement quelque chose que vous croyez que vous en avez besoin, si la passion qui vous a challengé et poussé à poursuivre un rêve se retourne contre vous, alors vous avez un problème ".
Quand j’ai lu cela, j’ai ravalé ma salive.
C’est grave docteur d’avoir des objectifs/ambitions ? OUI et NON
NON, parce que être motivé, animé, enthousiasmé par des objectifs plus grands que soi (shoot for the moon , you will at least always reach the stars – Oscar Wilde) , c’est source de satisfaction, progrès, développement personnel (et aussi, by the way (rien ne vient tout seul), de reconnaissance). Cet état vous amène même dans l’état de FLOW décrit par Csiksen Csikenmihaili et vécu par beaucoup d’apnéistes dans leurs plus belles plongées.
OUI, parce que rechercher cette reconnaissance de l’extérieur va vous amener à vous épuiser. On est tous à la recherche de cette reconnaissance extérieure, rien de mal à cela, mais de nos jours les signes de reconnaissance sont si rares qu’il faut en « faire des tonnes de briques » pour en recevoir. On a l’impression de devoir en faire toujours plus pour être aimé par le conjoint, les collègues, les enfants, les parents, les juges, les safety divers ou les compétiteurs.
3 SOLUTIONS
Apprenez à faire la différence entre être « animé par » et être « aimé pour » ce que vous faites. Le premier est OK, le second est NOT OK.
Voici 3 solutions (il en existe d’autres) :
- Écouter son corps : plus facile à dire qu’à faire, c’est le conseil numéro uno de tous les apnéistes.
- Faire le bilan de ses objectifs : (pour cela il faut se les avoir fixés) ne pas vouloir brûler les étapes.
- (Re-) Créer de la reconnaissance de l’intérieur : en se congratulant/remerciant/félicitant personnellement.
Je m’attarderai sur cette dernière
CRÉER DE LA RECONNAISSANCE DE L’INTÉRIEUR
Plus facile à dire qu’à faire ! vous allez me dire.
OUI parce que notre éducation ne nous a (peut-être) vraiment pas aidé là-dedans avec la notion de péché originel, de confessions, de verre à moitié vide, ni la société de consommation avec le culte de la performance et le rejet de l’échec.
NON parce que j’ai une bonne nouvelle
Vous avez appris à quel point notre dialogue intérieur est fort & puissant (revoyez la vidéo sur le lien entre méditation et confiance en soi)
Puis-je vous demander (si vous savez répondre, bravo pour votre érudition)
Quels sont les premiers mots de l’évangile de Saint-Jean ? (J’essaye d’éviter les références religieuses mais en gros, les Evangiles c’est quand même un des best-sellers de développement personnel)
« Et le verbe fut. »
Lorsque vous nommez quelque chose (même en dialogue intérieur, toujours cfr ma vidéo), vous appelez ce que vous nommez à la vie.
Donc si vous vous créez une phrase, une pensée, une affirmation, une intention, une prière, un mantra positif, vous appelez à la vie ce que vous souhaitez.
Méthode :
- Prenez des mots que vous aimeriez que les autres vous adressent. Comme : « c’est incroyable tout ce que tu fais, je ne connais personne qui pourrais tenir un rythme comme cela «
- Appropriez-vous ces mots c-à-d : dites-les-vous en vous-même, au lever, en cours de journée, avant de dormir, bref à n’importe quel moment (mais plusieurs fois par jour de préférence) NDLR : vous pouvez même le faire à voix haute si personne n’est autour de vous 😉
- C’est aussi simple que cela ? j’ai envie de vous dire : testez et vous me direz quoi.
Ce qui est certain, c’est que ce que vous créez, va vous revenir un jour ou l’autre. Alors pourquoi pas créer ce que vous voulez obtenir ? A savoir de la reconnaissance. Testez et vous me direz quoi.
Voyez pour finir ce remarquable extrait du film de Luc Besson Angel-A : https://www.youtube.com/watch?v=8v31V7PjADc